Grand voyageur, observateur de la mode et de la rue, auteur de saisissants portraits de femmes… Le photographe Frank Horvat est décédé à l’âge de 92 ans le 21 octobre 2020. Tour à tour inventif, intransigeant, déroutant, Frank Horvat avait acquis une renommée internationale avec ses photos de mode, considérées comme renouvelant le genre, avec un style plus réaliste et moins guindé, flirté avec le Paris des cabarets, saisi New York dans le pur jus des années 1980. Rencontre en octobre 2007 dans son atelier de Boulogne-Billancourt. De l’œilleton du Retinamat à l’écran de son compact Canon, Frank Horvat a accompli le grand écart. Visite dans son atelier de Boulogne et retour sur la carrière et l’œuvre d’un photographe attentif et sensible. Soixante ans de mariage entre tradition et révolution du numérique. Photos © Didier Raux – Source Alix Saint-Martin (magazine 92 Express) – Voir l’article (PDF)
Octobre 2007, Frank Horvat dans son atelier Boulonnais présentant une affiche d’exposition avec en haut à droite Frank Horvat jeune homme
Frank Horvat est né le 28 avril 1928 dans la ville d’Abbazia (Italie), aujourd’hui appelée Opatija et située en Croatie. Il vit en Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale où il obtient son premier appareil photo qu’il échange contre sa collection de timbres. Il séjourne ensuite à Milan après la guerre où il étudie le dessin à l’Académie de Brera, et commence à travailler comme photographe indépendant pour des magazines. Il arrive à Paris en 1950 et rencontre alors les plus grands noms de la photographie, dont Henri Cartier-Bresson et Robert Capa. Il part ensuite pour l’Inde et le Pakistan où il reste deux ans, avant de regagner l’Europe, mais cette fois-ci c’est à Londres qu’il se rend pour exercer son art, principalement pour Life et Picture Post.
En 1955, Frank Horvat élit définitivement domicile à Paris, ce qui ne l’empêche pourtant pas de passer autant de temps à Londres et New York, où Elle, Glamour et Vogue publient ses photos. Il devient, peu de temps après, photographe associé de Magnum. Dans les années 1950 et 1960, il acquiert une renommée internationale grâce à ses photos de mode, considérées comme renouvelant le genre. Mais ces photos ne doivent pas masquer le reste de son œuvre éclectique, allant du photojournalisme au paysage et au portrait, en passant par la photographie de rue et des essais sur la nature et la sculpture. Dans les années 1980, il publie un recueil d’entrevues de photographes célèbres. Et la décennie suivante, devient l’un des pionniers de la photographie numérique. Ses dernières publications sont « La Maison aux quinze clefs » parue aux éditions terrebleue en 2013 , « Please don’t smile » (2015) et « Photographic autobiography » (2016) aux éditions HATJE CANTZ.