Histoire d’eau – Bien avant de devenir un théâtre, la piscine de la Butte-Rouge s’impose comme l’un des équipements phares de la Cité-jardin de Châtenay-Malabry. Ouvert en mai 1938, l’établissement de bain, qui dresse dans le ciel son imposante cheminée, fait pendant quarante ans le bonheur des nageurs avec ses larges baies vitrées et ses mosaïques aux couleurs chatoyantes. Mais à la fin des années 1970, une fréquentation en baisse vertigineuse doublée d’un coût d’exploitation élevés sonnent le glas de cette belle histoire d’eau. Définitivement fermée en décembre 1977, la piscine change dès lors de vocation et devient lieu de culture, sous l’impulsion de la Ville et de la troupe de Théâtre du Campagnol. Transformé et adapté aux besoins du spectacle, l’ancien équipement sportif quitte la scène le 5 octobre 1985 pour céder officiellement sa place au théâtre “La Piscine”
Réalisation des photographies du livre “Pôle culturel, la renaissance” qui vous invite à une plongée dans les coulisses d’un chantier qui, à deux pas de la Cité-Jardins de la Butte-Rouge, modèle d’urbanisme des années 1930, a transformé en quelques mois un bâtiment d’avant-guerre en équipement d’avant-garde. Histoire d’une renaissance en images et en textes. Photos © Didier Raux – Texte Pascal Leroy d’après le livre “ Pôle Culturel, la renaissance ”
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“La Piscine” côté coulisse…Des allures de bâtiment industriel sous une cheminée d’usine, pour un équipement chauffé à l’origine grâce à l’incinération des ordures ménagères de la Butte-Rouge. Un exemple de développement durable avant l’heure
Impression année trente – Rénové une première fois en 1984 dans le respect de son architecture d’origine, l’espace intérieur de l’ancienne piscine devenue théâtre traverse les décennies en gardant l’empreinte de l’époque qui l’a vu naître
Clarté, pureté des lignes et mosaïques en kaléidoscope résonnent encore du clapotis de l’eau, du rire des baigneurs , puis des salves d’applaudissements des spectateurs
Typique de l’architecture des Cités-jardins, ce grand escalier de pierre a vu passer des générations de baigneurs
Combien de mains ont couru sur cette rampe dont la rondeur appelle la caresse ?
Le grand hall – Baigné par la lumière du jour, le hall d’accueil et ses beaux volumes rappellent la vocation première du bâtiment. La structure largement ouverte sur l’extérieur de cet ancien établissement balnéaire doté d’un solarium, témoigne de l’esprit hygiéniste des années 30, âge d’or des écoles de plein air et de l’héliothérapie
Mémoires mosaïques – Quand les mosaïques servent de trait d’union entre deux époques. Rideau sur la piscine, trois coups pour le théâtre et souvenirs de ballets aquatiques sur un sol qui semble hésiter entre présent et passé
La grande salle spectacle – L’histoire d’amour entre « La Piscine » et le théâtre devient officielle en 1985
Dès lors, ce sont les feux de la rampe qui filtrent à travers les briques de verre dépoli des murs, derrière lesquelles les naïades ont cédé la place aux comédiens
Les fantômes du théâtre peuvent bien s’évertuer à conserver leurs places réservées, les jours de l’ancienne salle de spectacles sont comptés
Dernière séance, un équipement fonctionnel et modulable assurera à l’avenir la vocation culturelle du lieu
Superstition – Dites “guinde”, “drisse”, “fil” ou “chanvre”, mais ne parlez jamais de corde dans un théâtre ! Un coup d’œil dans l’envers du décor vaut bien de sacrifier aux superstitions de la profession
Mélodie en sous-sol – L’autre visage de l’ancien bâtiment, ses dédales de souterrains. Vestiges de bassin et de pédiluve, graffitis et jeux d’ ombres…: ambiance Fantôme de l’Opéra, entre trip urbain et noirceur gothique
Un patrimoine industriel – L’envers des Feux de la rampe, ce sont “Les Temps modernes”. Un univers de tuyaux, manomètres, cuves et rivets, cœur de la machinerie et vestige de l’usine d’incinération, autrefois destinée à fournir la piscine en eau chaude. En réalité, ce procédé n’a jam ais réussi à assurer une température suffisante aux eaux de baignade, six chaudières à charbon complétant le dispositif. Elles sont remplacées à la fin des années 1940 par deux chaudières à fuel léger flanquées de deux citernes de stockage de 10 000 litres , donnant à la salle des machines des allures de paquebot
Un Charlie Chaplin avec une clé anglaise ne dépareillerait pas dans ce décor mono chrome, hésitant entre les soutes du Titanic et les délires post-industriels du Metropolis de Fritz Lang. Interrupteurs en cuivre et faïence, manomètre antédiluvien ,ne manquent plus que les Shadoks pour pomper, pomper…
L’impressionnante chaufferie ne ronfle plus, mais ses tuyaux titanesques évoquent la salle des machines du Nautilus. Un patrimoine industriel précieux, en partie conservé et mis en valeur dans l’aménagement du nouveau Pôle Culturel de Châtenay-Malabry
Seul “Le Mécano de la Générale” pourrait encore dire à quoi peuvent bien servir ces drôles de fioles. Les araignées, elles ne se posent pas ce genre de questions et tissent leur toile là où la mécanique se grippe